Textes « Le souveniriste

Archive pour la catégorie ‘Textes’

Mirage matinal

samedi 26 janvier 2013

Debout à la proue de mon île
Timonier d’un navire immobile
La marée qui déferle s’écartèle
Sur l’étrave de roc
Où se dorent des phoques.

Plus loin le regard scrute, entre deux bleus distincts,
une ligne imprécise que fatiguent la brume et la brise,
Départ vers nos imaginaires lointains.

Plus haut la voûte se disloque,
Des cumulus gris-bleu Processionnent majestueusement
Vers le lever du roi.

Soudain le magicien embrase,
En contre-plongée, les nuées avancées.
Les feux de la rampe dessinent, en hologramme,
Les fantômes des reines Mingan et Madeleine
Vêtues de pourpre et de rose à la dentelle d’or…
Et toi tu dors

RECONNAISSANCE

vendredi 25 janvier 2013

A l’intention de tous ceux et celles qui ont ouvert, à la jeunesse, les portes
de la vie. Enseignants, éducateurs, instructeurs, entraîneurs…

Sous la houle argentée qui plane sur vos têtes
Couvent encore des trésors pour un bref avenir.
Vous avez éclairé l’aveugle analphabète.
Forgé la volonté des hommes à venir.

Des milliers d’yeux inquiets, dans les vôtres, ont cherché
La force et la lumière qui leur était cachées.
Vous avez distillé, presque à chaque seconde,
La science et la beauté parmi les têtes blondes.

Jamais n’avez dressé l’austère discipline
En obstacle au progrès de l’enfance curieuse
Mais plutôt, garde-fou du côté de l’abîme,
Lui avez épargné la chute périlleuse.

Plus grands que pharaons, que rois et empereurs,
Plus haut que des clochers, mosquées, et tours d’ivoire
Vous avez édifié, compagnons bâtisseurs,
À l’ombre de la gloire, les temples du savoir.

Québec un Pays

vendredi 22 janvier 2010

I
La bravoure de nos Pères
Nous a préparé la terre
Avec un supplément d’âme
Nous rallumerons la flamme.
De notre fraternité.

II
Pour que nul ne paralyse
Nos lois et nos entreprises
Qu’aucun maître nous bâillonne
Nous enchaîne sans vergogne
Vivons dans l’égalité.

III
Le jour se lève sur nos rêves
La noirceur de la nuit s’achève
Avec ardeur à la tâche
Le Québec un Pays prend place
Marchons vers la Liberté.

Jacques Fabre 22 janvier 2010

Pays se lève

mercredi 28 octobre 2009

Un jour le Pays que j’aime, s’était assoupi
Dans les jardins de la reine, s’était endormi
Rêvant sous un rouge érable qu’il faisait son nid.

Réveillé par sa jeunesse, il s’est ressaisi
Ah! mon dieu! que de paresse, faut sortir du lit
Jugeant cela préférable, il est reparti.

Maintenant à petits pas on sent qu’il revit
Au petit trot il s’en va avec ses amis
Puis au galop il s’emballe, fini les jours gris.

Le Québec « un Pays » ça marche! C’est mon humble avis
Avec ardeur à la tâche ce pays conquis
Deviendra libre et enviable aux Nations-Unies.

Vive le beau Pays qu’est notre Pays!

Ma langue belle

dimanche 11 mars 2007

Qu’ai-je fait de toi ma douce, ma suave?
De tes généreuses mamelles Lecture et Écriture
Tu m’as nourri d’un lait riche coulant en mes lèvres avides de Savoir.

Tu m’abreuvais ainsi, maternelle, d’une eau pure entre mes dents
Comme ruisselet en cascades mélodieuses sur les galets de la vallée.

Et voilà que j’ai cru bon de parer ta gorge paysanne
De perles exotiques et de pierres prétentieuses.

Naïvement j’ai voulu embellir ton corps
Cuivré au soleil de nos juillets brûlants
Et trempé comme acier dans nos janviers de givre.

En t’attifant ainsi de pagnes colorés, de dentelles nordiques
Et autres pacotilles j’ai ridiculisé ta robe somptueuse.
Elle n’est plus qu’un comique costume d’arlequin
Tel le manteau rapiécé de notre « SOL » magicien.

Maintenant que ferai-je? Toute prière est vaine
Molière n’y peut plus rien, retourné dans sa tombe!
Don Quichotte non plus il est parti aussi.
Cent un coups d’épée dans le vent n’abattrons les moulins à venin.
À qui appartient-t-il alors de te défendre?
La loi est anémique et le roi aux reliques.
Ah! le roi, il est mort et morte aussi la reine

Un grand monarque est né. Il se nomme moi-même
Il est un roi qui dort en chacun de soi. Vive toi! Vive moi!
Il n’est pas vêtu d’or, de pourpre ni de soie, mais peut dire :
« Je le veux » pour autant qu’il y croit.

Il n’appartient qu’à moi de te faire survivre,
T’embellir et t’aimer, te chanter te mieux dire.

CONTAGIEUSE LIBERTÉ

samedi 10 mars 2007

Tant que nous n’aurons pas semé aux quatre vents,
En nos terres fertiles des campagnes et des villes,
De Hull à Blanc Sablon, de Val d’Or à Gaspé,
Le bon grain souverain nos efforts seront vains pour nous émanciper.

L’idée de liberté n’est pas idée d’un jour
Que fredonne en passant un joyeux troubadour,
Ni fumeuse pensée de secte illuminée,
Non plus que pirouette de l’amuseur du roi;
Trois petits tour et puis s’en va,
Comme rires de clown qui se fondent en larmes.

C’est bien le cri puissant de l’enfant nouveau-né
Qui respire et veut vivre quand la mère le délivre.
Et c’est la lourde marche inscrite dans l’Histoire
Dont les pas sonnent encore sur notre sol d’espoir.

Ces pionniers, ces pionnières ont enrichi nos terres
De sueur et de sang. Ces pendus, ces brûlés,
Ces glorieux patriotes, écrasés sous la botte.
Laisserons-nous gaspiller si précieux héritage?
Écouterons-nous longtemps ces oiseaux de malheur?
Ces lugubres corbeaux qui distillent la peur.
Les gazettes et les ondes qui endorment le monde?

Au nouveau millénaire, réveillons-nous mes frères!
Le blé est mûr, la terre est dégelée et l’ivraie arraché.
Sans nous laisser distraire par les chants de sirènes
Des sondages savants, de beaux discours à droite,
À gauche des grincements. Sans compter notre peine
Rallions tous les rangs et marchons fièrement.

Beau Québec, tu vaux bien cette peine!

Par les rocs solides, montagnes Laurentides,
Par l’immense toison du poumon boréal,
Par les milliers de lacs qui retiennent les eaux
D’où coulent les rivières nourricières
Des mammifères marins dans le large estuaire
Du Saint-Laurent géant.
Par six millions d’humains qui, la main dans la main
Et le regard braqué vers de beaux lendemains
D’une voix unanime entonneront leur hymne
Debout en un seul choeur au concert des Nations.

NOM D’UN PAYS

samedi 10 mars 2007

Par très grand vent de poudrerie je chasse neige en plaines et monts
N’en déplaise à Gilles notre ami car l’hiver ne sera plus mon
Pays froid, figé transi. Je le veux vert et flamboyant.
Mon pays, lui, sera printemps.

Je ne serai plus l’épinette ployée sous le manteau blanc.
Enfin je lèverai la tête, digne comme les humbles gens.
Je cultiverai mon propre lopin, mes arpents de neige repeints
En vert, en jaune, couleur des blés, mon pays lui sera l’été.

Passe encore qu’il soit l’automne avec ses grands tableaux de maîtres
D’érables, de bouleaux, de hêtres. Quand dans l’air frais déjà résonne,
Aux célestes sentiers migratoires, le cri des oiseaux de passage qui
déssinent dans leur sillage les grands”V” de vie, de victoire.
Je sens aux battements de leurs ailes poindre une liberté nouvelle.

Quand j’aurai fait craquer la glace qui me tenait fossilisé,
Je reprendrai toute la place par mes ancêtres défrichée.
Avec mes voisins partenaires, d’égal à égal, je vais échanger,
Mon or, mon argent, mon fer et tous les bons fruits de mon verger.

Je ne serai plus méconnu mais reconnu du monde entier.

JEUNE MILITANT REPREND LA BARRE

samedi 10 mars 2007

À quoi bon se donner la peine de vouloir encore naviguer
À quoi bon rester capitaine, quartier-maître ou bien gabier.

Les amiraux, les intendants croisent le fer et se déchirent
Pour prendre le commandement lorsque dérive le navire.

La boussole est devenue folle et les voiles claquent au vent.
Il faudrait pourtant qu’on décolle des sinistres sables mouvants

À quoi bon être capitaine, quartier-maître ou bien gabier.
À quoi bon se donner la peine, quand l’équipage a déserté.

Les matelots dorment au chaud, sur le port “Hôtel du Commerce”
Dans les bars dans les caboulots ça boit, ça danse et ça se berce.

À quoi bon être quartier-maître, capitaine ou bien gabier.
À quoi bon être encore le maître d’un bâtiment abandonné.

Car la flibuste, les pirates sont à la barre du rafiot.
Ils font voile avec ma frégate vers des repaires tropicaux.

Mousaillons! Tous à l’abordage! C’est vous qui serez maîtres à bord
Jetez par-dessus l’bastingage, marins félons par-dessus bord.

Avec vous serai capitaine, quartier-maître ou simple gabier.
Sera finie la quarantaine. Pavillon haut! Fleurdelisé.

Sur ma frégate souveraine mettrons cap vers la LIBERTÉ.

SOUVERAINETÉ

samedi 10 mars 2007

SOUVERAINETÉ

Souveraineté que nous avions, nous l’ont volée moult façons

Comme vermine sous écorce, ils ont corrompu le négoce
Qu’en bonne entente faisions avecque Premières Nations.
Souveraineté que nous avions, nous l’ont volée fourbe façon

Comme vers en pomme ont grugé, les fiers grands pins de nos forêts
Les ont envoyés par les mers jusqu’en royaume d’Angleterre.
Ils en ont construit des navires qui dans fleuve revenus
Un beau matin nous ont vaincus.
Souveraineté que nous avions, nous l’ont volée par les canons.

Nous ont laissé, grande largesse nos dévotions, nos vins de messe,
Mais notre blé l’ont empoché puis en caravelles cargé.
Souveraineté que nous avions, nous l’ont volée à plein galions.

Avec leurs gros sabots de bois ils ont piétiné sur nos lois.
Un noeud gordien nous tient au joug, ce noeud-là jamais ne dénoue.
Il faut pour rompre l’attache sans hésiter prendre la hache
Souveraineté que nous avions, l’ont volée par constitution.

Pour conclure, en langage contemporain:
Nous, peuple de la Nation Québécoise, n’avons pas à continuer de
dépendre d’une constitution étrangère.

Le pain chaud

samedi 25 février 2006

“je me souviens” de celles et ceux qui ont travaillé à bâtir ce Pays et n’en verront pas la souveraineté.

Le pain chaud

Du geste auguste du semeur, ils ont dans les champs de la peur
Emblavé sillons et labours de semences de paix et d’amour
Ouvriers de la première heure peut-être jamais ne verront
Se lever la jeune moisson .

Les moissonneurs aux longues faux courbés sous le soleil chaud
Ont couché le froment sur l’herbe puis en faisceaux dressé les gerbes
Ouvriers de la onzième heure, peut-être jamais ne verront
Engranger la lourde moisson.

Des glaneuses plus tard sont venues pour assembler de leurs mains nues
Maigres épis mêlés de fleurs dans le champ du bonhomm’ sept heures
Ouvrières de toutes les heures peut-être jamais ne verront
Battre la chère moisson .

À la grande roue du meunier les porteurs d’eau venus verser
Leurs seaux pour animer la pierre qui broie le blé des vies entières
Avec d’autres venus de loin, aux grandes ailes du moulin
Ils sont passés en coup de vent et comme il advient trop souvent
Ils ont soufflé tant qu’ils ont pu mais n’ont pas vu le grain moulu

Des compagnons de tous les âges dans le pétrin avec courage
Brassèrent la pâte à pleine main mais ne seront plus là demain
Pour voir le travail du levain .

Au fournil les boulangers toute la nuit des fagots ont brûlés
Et bien avant le petit jour, sur la plaque chaude du four
Du bout de leur long bâton ont aligné les blonds pâtons
Artisans de la dernière heure, quand le soleil sera levé
Ne verront pas le pain doré .

Enfants de la terre promise lorsque la table sera mise
Qu’ensemble romprez le pain chaud
Gardez-leur au moins un morceau!