Un matin j’vais chez Jean COUTU, j’lui dis, l’ami, je suis foutu.
J’ai mal au cou, j’ai mal aux reins, j’ai mal partout je n’vaux plus rien.
Il m’ répond j’ai ce qu’il te faut pour guérir tes petits bobos.
J’ai des cachets et des capsules, et des ampoules, et des granules,
Du bon sirop et des pilules, prends-en matin, midi et soir.
Si ça « file pas » reviens me voir.
Après trois mois de ce régime, j’avais encore plus mauvaise mine,
L’appétit de plus en plus petit.
Ce n’est pas de gaieté de coeur, j’ai dû consulter mon docteur.
«Entrez monsieur dans mon bureau,voyons ce que disent les labos?
«À poil! que je vous examine, vous faites sûrement de la déprime,
«Vous n’avez pas la petite vérole ni le sida c’est dèjà ça!
«Mais beaucoup trop de CHOLESTÉROL !
«Je ne veux pas être alarmiste mais faut voir les GRANDS SPÉCIALISTES.
«Un court séjour à l’hosto pour une mammo, pour une cysto,
«Un scanner et des cathéters, des lavements, des prises de sang.
«Si vraiment ça reste un mystère, revenez me voir c’est payant. »
Comme j’avais toujours mal aux pattes, à la rate et à la « patate »
Je suis allé chez l’homéopathe . Il m’a vendu dix-huit flacons
Pleins de petits grains blancs tout ronds mais ce n’était que du bonbon.
Ma belle-soeur qui sait presque tout, me dit: «Va voir le GRAND GOUROU
Il t’extirpera « le vilain » en imposant sur toi les mains.(en m’imposant)!?
Encore des impôts, merci beaucoup j’suis p’t-être malade mais j’suis pas fou.
Plus tard j’apprends par ma voisine ( qui possède la Science Divine )
Qu’avec des aiguilles un chinois vous remet d’aplomb en six mois.
Elle ajoute d’un petit air coquin « plus ça pique plus ça fait du bien »
Très peu pour moi j’ai déjà mes supplices. Elle est « maso »! Je n’suis pas complice.
Un ami d’un copain chimiste mais, sur les bords, un peu fumiste
M’a suggéré une blanche poudre qui d’un seul coup devait résoudre
Tous mes problèmes de santé. D’accord pour s’envoyer en l’air
Mais gare aux effets secondaires.
Tanné de tous ces charlatans qui n’en voulait qu’à mon argent
Je les ai « sacrés » chez SATAN.
Et vous me croirez bonnes gens, depuis j’ai eu révélation
De la miraculeuse potion.
Vous dire combien j’étais idiot de n’pas l’avoir trouvée plus tôt.
Tout d’un coup elle m’est apparue, elle était là devant ma rue.
J’ai chaussé mes gros godillots, le sac au dos un beau matin
Je suis parti sur les chemins
Me suis « tordu un peu le bras » pour faire les tous premiers pas.
J’en ai fait cent, j’ai fait des milles sur les jolies routes tranquilles
Et me revoilà sans douleur, fatigué mais plein de bonheur.
Si bien que j’ai le goût de chanter: À pied tant que vous le pourrez,
MARCHEZ, MARCHEZ, c’est la SANTÉ !